Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTICES SUR LES DOGUMENTS INÉDITS 193

table patrie ». Ce n’est pas là un renoncement à la gouvernement ; la lettre précé-

dente, étant secrète, exprime sur ce point son vrai sen-

France ni mème à son

timent; mais c'est une facon de confirmer aux yeux de la Prusse la seconde attitude prise par lui après son arrestation. (Cf. la notice sur la lettre I.) 11 s’était réclamé de sa qualité de citoyen américain, et c’est à ce titre que Washington fit auprès de la Prusse et de l'Autriche plusieurs démarches privées, qui d’ailleurs resteront inutiles. Le mème système est accusé dans la lettre IX et dans la lettre XV, où l'Américaine M Church, fille du

général Schuyler, est appelée « ma compatriote ».

VIII, IX, X. — Ces trois lettres du 2 octobre 1793 ont été envoyées ouvertes à Mme d'Hénin, qui se faisait la distributrice en Europe de la correspondance des prisonniers, prenait connaissance du contenu et en faisait part à tous les intéressés. Il y faut rechercher les sousentendus, comme le prisonnier en avertit son correspondant Lally (VID) : « Si je parlais de mes affaires dans le seul style qui me convienne, ma lettre ne vous parviendrait pas. » Il ne connaît pas alors le texte du Mémoire envoyé en sa faveur au roi de Prusse par Lally-Tollendal. Celui-ci, royaliste déclaré, s'était efforcé de faire valoir auprès de Frédéric les services rendus par La Fayette à la cause royale. Plus tard La Fayette s’eflorcera de se dégager de la solidarité délicate qui lui est ainsi imposée par l'amitié avec le royalisme (IV, p. 502). Il semble ici prévoir quelque chose de cet embarras futur en indiquant combien il est sensible aux témoignages « de cette estime que des différences d'opinion ne diminuent pas ». Au début de cette lettre se voitun exemple de la méthode d’arrangement des éditeurs des Mémoires en 1838. Le

passage relatif à la conduite angélique de M de La