Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTICES SUR LES DOCUMENTS INÉDITS 133

nave, Lameth et La Fayette, pleins de complaisance à cette époque pour la Prusse et très animés contre l’Autriche!. Toutes ces particularités montrent l'esprit du prisonnier en travail constant de combinaisons nouvelles, toujours prêt à un coup de tète, prompt à tirer parti de ses avantages antérieurs et lié avec les révolutionnaires du monde entier. Il ne reste pas trace, dans les Mémoires, de ces détails, précieux pour l’analyse psychologique, que nous ont conservés les documents inédits. Peut-être même avait-on déjà trouvé choquant de laisser se perpétuer la preuve de rapports sympathiques entre La

Fayette et des juifs.

XXII à XXVIIL — La Fayette, séparé de ses compagnons, fut emmené, le 4 janvier 1794, de Magdebourg et transporté sur une charrette qui mit douze jours pour arriver à Neisse, où il futle 16 janvier. Lameth et Pusy restèrent à Magdebourg pendant quelques mois, et Maubourg fut conduit à Glatz, en Silésie. Mais la Prusse commençait à se fatiguer des inconvénients attachés au rôle de geôlier de la coalition, et même des sacrifices d’une guerre qui l’occupait inutilement à l’ouest, tandis que la Pologne était, tout près, une proie facile. Dès février 1794, les pourparlers sont commencés entre la Prusse et l’Autriche pour transmettre à celle-ci la garde des otages. C’est ainsi qu’au mois de mai 1794 on dirigea sur Olmütz, en Moravie, non seulement La Fayette et ses compagnons dispersés à Neïsse, à Magdebourg et à Glatz, mais encore le ministre de la guerre Beurnonville et les quatre commissaires de la Convention, Camus, Quinette, Bancal et Lamarque, livrés par Dumouriez le 2 avril 1793

1. Cf. Sorez, l'Europe et la Révolution, IT, 157.