Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTICES SUR LES DOCUMENTS INÉDITS 135

de la conduite que M. de Maubourg avait tenue durant toute la route. Ma mémoire m'est assez fidèle pour me rappeler ces différentes circonstances, mais j'ignore absolument si M. le baron de Colmbach a retenu la lettre ou si elle pourrait se trouver entre vos mains. En vous souhaïtant, Madame, un très heureux voyage, vous voudrez agréer l'expression des sentiments de respect et de considération avec lesquels j'ai l'honneur d’ètre, Ma-

dame, votre très humble et très obéissant serviteur.

« Berlin, ce 5 février 179%. » LaxGLois.

C'était là un titre spécial au nom duquel, au commencement de février 1794, M° de Maisonneuve avait obtenu du roi de Prusse l’autorisation de venir rejoindre son frère dans la prison de Glatz. Une lettre, parvenue à Neisse le 16 février 1794, informait La Fayette de l’arrivée de M'"° de Maisonneuve et de l’état de son frère. Dans sa réponse, il explique pourquoi il ne peut adresser de lettres aux siens en France : son écriture y est trop connue depuis l’organisation de la garde nationale et compromettrait ses correspondants (lettre XXI). Très mal renseigné sur la situation actuelle de sa famille, il croit qu’elle a pu sortir de France et la voudrait savoir réfugiée en Suisse auprès de son ami Barthélemy, député de la Haute-Loire à la Convention et ambassadeur en Suisse depuis février 1792.

Le neveu de l’auteur d'Anacharsis avait été, sous le ministère de Choiseul, secrétaire de légation en Suède et à Vienne. En 1790, Louis XVI l'avait envoyé comme chargé d’affaires à Londres, où il notifia, en 1791, l’acceptation de la constitution par le roi. Il avait été aussi conservateur de la bibliothèque du roi, laquelle était ouverte deux fois par semaine. Mais Barthélemy empor-

tait souvent la clef : une fois il la garda deux ans en