Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

136 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

voyage’. En 1791, il fut envoyé comme ministre plénipotentiaire en Suisse et conserva ce poste jusqu’en 1797, en s’y montrant toujours accueillant aux royalistes émigrés. Ses relations avec le monde politique de la HauteLoire l'avaient rendu l’amiintime de la famille La Fayette. En mai 1796, M"° de La Fayette, écrivant dans la prison d'Olmütz, se défiait de tout le monde en France sauf de trois personnes : son beau-frère de Grammont, M"° Dupont de Nemours, femme du collègue de La Fayette à la Constituante et belle-mère de Bureaux de Pusy, et enfin Barthélemy. « Si les affaires, dit-elle, passent par M. Barthélemy, je dois vous confier que, outre une opinion très ancienne en sa faveur, nous avons eu des assurances récentes de sa disposition à faire pour nous être utile tout ce qui dépendra de lui?. »

Cependant, malgré cette confiance, Barthélemy, qui négocia en 1795 les traités de Bäle avec l'Espagne, la Hesse et la Prusse, n’eut pas le pouvoir* de faire comprendre La Fayette dans les conditions d'échange des traités de Bâle entre la fille de Louis XVI et les conventionnels livrés par Dumouriez. Il contribua à réparer cette omission quand il fut nommé l’un des cinq Directeurs, le 1° prairial an VI (20 mai 1797), en remplacement de Letourneur. Ses opinions étaient celles d’un monarchiste de 1791, et il était le candidat du club royaliste de la rue de Clichy; aussi fut-il éliminé du Directoire avec Carnot le 18 fructidor, et ce sera là un des griefs de La Fayette contre ce coup d'État.

1. Lavisse et RamBauD, Histoire générale, t, VII, p- 553.

2. Cf. J. Croquer, tbid., p. 358.

3. Sur les circonstances de cette omission forcée, cf. la notice sur la lettre XXXIV.

4. Barthélemy fut arrêté au Luxembourg et déporté en Guyane avec Pichegru et Ramel, s’'évada au bout de cinq mois, passa aux États-Unis