Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTICES SUR LES DOCUMENTS INÉDITS 139

sous la domination autrichienne. C’est seulement trois ans plus tard que se trouvera juste le calcul qu'il fait (lettre XXVIT) en disant de l'Autriche : « Le moment de l'assiéger de toutes parts est celui où les autres lui renvoient l'embarras de notre détention, qu’elle pourrait, au contraire, en nous relàchant, faire attribuer uniquement à la Prusse. »

Cette lettre est, comme la XII°, une note de service destinée à être montrée par ses aides de camp à tous les amis qui travaillent à sa délivrance. Ce n’est plus à Hambourg, comme l’année précédente, que se centralisent les activités intéressées à ce même objet; c’est en Suisse, où Barthélemy représente la diplomatie de la République et où Jefferson est en mission au nom des États-Unis. C’est à eux que La Fayette voudrait confier sa famille pour la faire sortir de France. C’est là que La Colombe devra ouvrir les instructions qui lui sont confiées cachetées. Elles contiennent d’abord des déclarations politiques exprimant l'embarras croissant de La Fayette entre les conventionnels qui défendent l'indépendance nationale et les princes coalisés qui la menacent. (Cf. lettre VI.) L'angoisse était la même pour les membres de l’opposition anglaise qui venaient de prendre la défense de La Fayette au Parlement, le 17 mars, et qui avaient à trouver une attitude entre « la tyrannie anarchiste et la tyrannie couronnée ».

Fox, moins gêné dans cette alternative que La Fayette par le poids de responsabilités personnelles, avait déclaré, dès Valmy et Jemmapes : « La France a, dans sa querelle, la justice de son côté; Dieu soit loué, la nature a été fidèle à elle-même; la tyrannie a été vaineue, et ceux qui combattaient pour la liberté ont été victorieux!! » À l'horreur qu'inspiraient les conventionnels,

1. RémMusar, 1bid., p. 524.