Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

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il opposait des souvenirs qui auraient pu servir également d'enseignement à La Fayette. Il évoquait un temps où l'Angleterre n'avait eu que du dégoût et du mépris pour les insurgés américains, où l’on disait d'eux : « Un congrès de vagabonds, un certain Adams et sa clique. » Plus tard on avait dû reconnaitre que cette clique dédaignée méritait, par son indomptable énergie, l’admiration des timides amis de la liberté, et était capable de défendre la patrie et son indépendance. Mais Fox sentait, en 179%, sa popularité baisser malgré des efforts contradictoires pour ne pas prendre définitivement parti, dans les questions de France, entre la république et la monarchie. Placé dans une crise morale analogue à celle que nous révèlent les lettres de La Fayette, il écrivait, presque dans les mêmes termes : « Tandis que les Français font tout ce qu'ils peuvent pour rendre le nom de la liberté odieux dans le monde, les despotes se conduisent de manière à montrer que leur tyrannie est pire. » Tous deux, en ce moment, voient dans les triomphes de la coalition la ruine de la liberté dans le monde. « Partout les ennemis de la liberté servent les puissances, » dit La Fayette. « J’ai vu, dit Fox, dans le triomphe de la coalition, non seulement la ruine de la liberté en France, mais la ruine de la liberté en Angleterre, la ruine de la liberté humaine‘. » Avec de telles convictions, quel aveuglement empêche ces libéraux d’embrasser cette conséquence que la cause de la liberté, envisagénéralité humaine, n’a d’autres défenseurs,

s en cette heure critique, que ces démocrates français

gée dans la

dont La Fayette ne parle que comme des brigands et des assassins ? Nous voyons, à la fin de cette lettre XXVIT, La Fayette

1. La Fayette devine cette identité de sentiments entre Fox et lui, etil l'exprime dans la lettre IV, p. 203.