Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTICES SUR LES DOCUMENTS INÉDITS 143

partis qui se combattent et s’affaiblissent mutuellement, et qu'on profite de ce conflit pour tâcher de se rendre maitre des forteresses et d’une aussi grande étendue de pays qu’on pourra, afin de faire la loi au parti qui aura prévalu'. »

Tel est l’homme dont dépendait le sort des prisonniers d'Olmütz. L'évasion malheureuse de La Fayette en novembre 1794 n'était pas faite pour l’attendrir. C’est à cette circonstance que se rapportent les deux lettres XXIX et XXX, dont des fragments se trouvent dans les Mémoires, mais avec des indications inexactes, que les manuscrits et le livre de Friedrich Kapp sur Justus Erich Bollmann (Berlin, 1880) permettent de rectifier. Bollmann était à Vienne Le 1°" octobre 179%; il y rencontra le jeune Américain Francis Huger. Celui-ci étudiait à Vienne la chirurgie et savait La Fayette emprisonné à Olmütz. Bollmann lui inspire confiance par l’admiration commune qu'ils ont pour le prisonnier, et lui découvre son plan d'évasion préparé par deux voyages antérieurs à Olmütz en Juillet et septembre. Il s'était introduit dans l'intimité du médecin de la prison, Haberlein, en l’intéressant à ses recherches scientifiques en Allemagne, et s’était aperçu que ce fonctionnaire, très naïf, avait une sorte de culte pour Washington et ceux qui le touchaient, mais ignorait tout de l’histoire et de la politique contemporaine.

Huger vient s'installer à Olmütz pour simuler des études botaniques. Bollmann obtient de Iaberlein, le 4 octobre, qu’il fera passer un mot à La Fayette sur les marges d’un roman prêté, pourvu qu'il n’y soit question ni de politique ni d’autre chose que de nouvelles de famille et d'amitié. Bollmann y glisse cependant une ligne écrite au

citron et lisible au feu, contenant une proposition d’éva-

1. Sorer, ibid., III, 329.