Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTIGES SUR LES DOCUMENTS INÉDITS 145

malgré ce que vous lui aviez dit, pour vous voir à cheval; obligé de marcher ensuite parce que le sang! et la boue attiraient l’attention sur lui, s'étant arrêté de nouveau, et même, dans son inquiétude, étant revenu un moment sur ses pas, il avait été forcé de retourner vers Sternberg; et, ayant des raisons de croire que vous aviez coupé à travers champs, il avait cherché à vous rattraper avant cette ville, quoiqu'il souflrit beaucoup de sa première chute; comment enfin, ne connaissant pas le nom de Hoff, connaissant la route directe de Silésie, par laquelle il était venu en voiture, et ne pouvant pas faire beaucoup de questions sans être remarqué, surtout avec l'étrange figure qu'il avait, il finit par être arrêté. Il eut du moins alors la consolation d’entendre dire que vous étiez tous deux sauvés ; car ce n’est qu'à Olmütz qu'il apprit l’arrestation de M. Huger, et il ne fut même assuré de la vôtre que dans cet interrogatoire auquel, par égard pour vous deux, il consentit à répondre et dans lequel, ayant refusé de parler sur la correspondance secrète, il fallut lui montrer que le chirurgien et vous-même aviez tout dit?. » La lettre XXIX, relative à cette évasion, a été traduite en allemand dans l'ouvrage cité de M. Friedrich Kapp. La lettre XXX y est citée en anglais et n'avait pas encore était traduite. Ni l’une ni l’autre ne sont recon-

naissables dans les Mémoires.

XXXI. — Le silence complet se fait ensuite sur le prisonnier pendant un an. Le 15 octobre 1795, M"° de La Fayette et ses deux filles viennent partager sa captivité; mais aucune lettre ne peut sortir de la prison avant le 5 mars 1796. Cette fois, c’est La Tour-Maubourg qui a pu

1. Le caporal, en se défendant, avait coupé avec ses dents un doigt de La Fayette. 2. J. CLoquEr, cbid., p. 316.