Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

116 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

faire parvenir à Pillet et à Masson, anciens aides de camp de La Fayette, réfugiés à Londres, une lettre due à l’ingéniosité d’un nouveau défenseur, Masclet. Celui-ci, né à Douai et d’abord passionné pour les lettres anciennes, s'était fait soldat dès la Révolution, dans laquelle il suivit avec chaleur les opinions les plus modérées. Réfugié en Angleterre en 1792, il entama en faveur de La Fayette prisonnier une série d'articles dans le Morning Chronicle qu'il signait Éleuthère, «l'homme libre », et qui dura jusqu’en 1798. Un de ces articles, dans le numéro du 4 novembre 1796, est la soi-disant lettre d’un officier autrichien qui a quitté la garnison d’Olmäütz et en fait à son frère la description matérielle. Mais la lettre du 5 mars 1796 (XXXI) fournissait mieux à Maselet. Ce sont surtout des arguments politiques qu’elle fait valoir et qui sont appropriés aux lecteurs du Mornins Chronicle, représentant l'opposition des whigs. La Fayette y est présenté comme un whig, comme une victime de toutes les tyrannies, de son inflexibilité dans les principes libéraux. Aussi son cas est-il soigneusement séparé de celui de Lameth et des commissaires de la Convention enfermés à Olmütz.

Nous savons en effet que Lameth, à la fin de 1193 était mourant à Magdebourg. On ne put, en janvier 1794, le transporter à Neisse. Sa mère vint supplier le roi de Prusse de lui permettre un voyage à une ville d'eaux; le roi l'y fit conduire sous la surveillance d’un détachement. Puis, la Prusse ayant abandonné la coalition (5 avril 1795), Lameth fut définitivement libéré.

Quant aux jacobins, la lettre de La Tour-Maubourg les sépare avec dédain de La Fayette, qu’elle rapproche de Washington, et, comme les whigs ont toujours été favorables aux Américains, elle rappelle que Huger et Bollmann sollicitent actuellement l'intervention du con-

grès des États-Unis pour la délivrance de La Fayette.