Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTICES SUR LES DOCUMENTS INÉDITS 447

Enfin celui-ci est présenté comme le seul homme capable de rétablir l’ordre en France, et retenu, pour cette raison, dans les fers de la coalition. C’est donc une honte pour l'Angleterre que de fournir des subsides à des puissances qui ne triomphent que sur des prisonniers, et c’est la suite des fautes qui ont commencé avec l’oppression injuste des Américains. Tous ces griefs sont les mêmes qui remplissent à ce même moment les discours de Fox, de Sheridan, de Fitz-Patrick et les articles de Masclet. La lettre de Maubourg y est assurément pour quelque chose. Elle a été connue en 1797 par Ch. d’Agrain, qui en à fait une amplification souvent fantaisiste dans son poème sur la Captivité de La Fayette!.

XXXII et XXXIII. — Le fragment XXXII est le second feuillet d’une lettre de M"° de La Fayette, appropriée, comme la précédente, aux polémiques de Masclet. Le prisonnier y est donné comme le personnage qui, dans les deux révolutions d'Amérique et de France, a eu, seul et toujours, raison, est resté inflexible sur ses principes et n’a jamais commis une faute. C’est un plaidoyer d'avocat, et non de la discussion historique. Un an encore a passé depuis la lettre de Maubourg. Nous sommes en février 1797, et toute l'Europe a fait la paix avec la Révolution. L’Angleterre reste seule intéressée à la guerre, et il faut maintenir l'intérêt des whigs attaché à La Fayette sans alarmer leur patriolisme : l'attitude qu’on lui donne, d’après ce point de vue spécial, est donc celle d’un champion de la liberté également en lutte contre la royauté absolue et les revendications démocratiques. D'autre part, la passion révolutionnaire a beaucoup faibli en France depuis trois ans. L'heure est aux hommes

1. Paris, an V, Cocherin, in-4e.