Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTIGES SUR LES DOGUMENTS INÉDITS 149

Français depuis que toute crainte de démocratie républicaine y est remplacée par l’espoir d’un régime où le pouvoir sera fort, et la liberté, « la vraie liberté », réduite au striet minimum des apparences. Non seulement il ne sollicite plus une intervention américaine, mais il fait dire par ses amis et ses correspondants qu'il s’est toujours opposé à ce qu’elle se produisit auprès du gou-

vernement français en sa faveur. (Cf. lettre XIV.)

XXXIV et XXXV. — Cependant la situation des prisonniers s'était modifiée à la fin de 1796 par le double fait de la politique du Directoire (installé le 26 oct. 1795) et de la campagne militaire d'Allemagne et d'Italie. Politiquement, la défaite des jacobins pouvait être considérée comme définitive, l’ouest de la France était pacifié, et le parti royaliste, fatigué de sa résistance dans les départements, semblait reprendre espoir dans les deux conseils des Anciens et des Cinq-Cents. La garde nationale n’était même plus l’organisation de la bourgeoisie armée qu'avait rêvée La Fayette; c'était une troupe si violemment réactionnaire qu’on avait dû, le 13 vendémiaire (5 oct. 1795), faire intervenir contre elle la troupe de ligne. L'armée qui, au milieu du recul thermidorien, conservait seule les sentiments révolutionnaires, commencait à devenir l'arbitre des partis, et la campagne de 1796 y avait fait surgir l’homme qui, par une série de victoires inouïes, devait affoler d'enthousiasme les Français, les préparer à la servitude et en même temps épouvanter la coalition et lui imposer la paix.

Carnot, un des directeurs, portait la guerre sur Vienne à la fois par le Mein, le Danube et le P6; la campagne de 1796 entamait, et celle de 1797 achevait la réalisation de ce plan audacieux. Le 15 avril 1797, Bonaparte avait passé les Alpes Noriques et était rejoint par Joubert à