Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

150 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

Léoben. Son avant-garde s’emparait du Semmering et n’était plus qu’à vingt-cinq lieues de Vienne. Le 16, l’archiduc Charles demandait un armistice, et le 18, Bonaparte, de sa propre autorité, dictait des préliminaires de paix. En même temps Moreau et Hoche se rejoignaient sur le Mein et s’arrêtaient, le 23 avril, à la nouvelle de l'armistice de Léoben. Le Directoire en ratifiait, à regret, les conventions, et le 5 mai s’ouvraient à Udine des négociations entre l'Autriche et les plénipotentiaires français, Bonaparte et Clarke.

Alors les démarches se multiplient pour la délivrance des prisonniers d’Olmütz. M"° de Staël y intéresse Barras, qui, d'accord avec ses collègues du Directoire, Rewbell et Lareveillère-Lépeaux, fait décider qu’on réparera l’omission forcée de 1795 lorsque, à Bâle, on avait échangé la fille de Louis XVI contre Beurnonville et les quatre commissaires de la Convention. Le Directoire n’avait pas encore, à cette époque, une assiette assez solide en France et une autorité assez grande sur l'Europe pour risquer sa popularité par une mesure favorable à La Fayette ou pour s’exposer à un refus de l'Autriche au sujet d'officiers non livrés par surprise comme Beurnonville et ses collègues, mais tombés en son pouvoir. « Ce qui prouve mieux que tout le reste, dit LareveillèreLépeaux”, que la demande qu'on eût faite à cet égard à l’époque de l'échange des députés, eût été prématurée, c’est qu’elle fut une des conditions de la paix les plus difficiles à obtenir (en 1797). »

Mais les circonstances intérieures et extérieures ont bien changé en 1797. À Ia fin d'avril, Bonaparte est chargé de négocier avec l'Autriche la liberté de La Fayette et de ses amis avec l’ordre de déclarer que le Directoire

1. Mémoires de Lareveillère, t. I°", p. 497.