Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTICES SUR LES DOCUMENTS INÉDITS 153

cipes qu'ils avaient professés et ne cessaient de professer hautement, avec ceux qui font la base de la tranquillité de ses États, mettait Sa Majesté dans le cas d'exiger d'eux la promesse par écrit qu'ils se transporteraient, comme ils l'avaient annoncé, en Amérique, ou, pour le moins, ne rentreraient en aucun temps dans ses provinces héréditaires sans une permission spéciale; et qu’aussitôt qu’ils auraient satisfait à cette condition, l’ordre pour leur mise en liberté avec les passeports et les directions nécessaires pour leur voyage ultérieur seraient délivrés. »

La Fayette et ses amis refusèrent l'engagement absolu de ne plus reparaître sur les terres de l'Empire; ils réservaient deux cas : la possibilité d’un commandement militaire ou celle d’une mission diplomatique à eux confiée par leur patrie. Ces réserves, présentées à Thugut par M. de Chasteler le 28 juillet, lors de son retour à Vienne, parurent dangereuses à l’empereur, qui ordonna de surseoir à la libération.

Romeuf, ainsi mis au courant de la situation par le secrétaire d'État, avait encore à voir le premier ministre auprès duquel il était accrédité. Thugut le reçut le 7 août. Avant cette date était arrivée à Vienne une nouvelle sommation de Bonaparte, provoquée par une déeision du Directoire, prise le 14 thermidor an VI (1** août 1797). Selon l'extrait des procès-verbaux de ce jour, «il est fait lecture d’une lettre de la citoyenne Dupont, belle-mère du ci-devant Bureaux de Pusy, l’un des prisonniers d'Olmütz, par laquelle elle invoque de nouveau la générosité du Directoire en faveur de ces prisonuiers, dont la captivité n’a pas cessé et parait même aggravée par les défenses qui ont été faites récemment de

leur laisser parvenir des nouvelles de leurs familles. Le

1. Dupont de Nemours. C/. lettre XLIIT, p. 336, n. 2; p. 353, n. 2.