Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

15% CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE Directoire écrit au général Bonaparte pour lui rappeler le désir qu'il avait manifesté de voir cesser la captivité de ces prisonniers le plus tôt possible. » Ce fut Carnot qui, le jour même, écrivit à Bonaparte (IV, p. 293), et cette intervention facilita la tâche de Romeuf auprès de Thugut. Il convint avec celui-ei qu'on demanderait au consul américain de Hambourg de prendre livraison de tous les prisonniers, et que le consul devrait s'engager à ne pas les garder à Hambourg plus de douze jours. C’est là ce que Romeuf fut autorisé à faire connaître par éerit à La Fayette (lettre du 9 août 1797), sans pouvoir obtenir d’aller lui-même à Olmütz porter la nouvelle. La Fayette répondit par une lettre ouverte du 15 août (lettre XXX VI).

Cette lettre comble heureusement une lacune parmi les témoignages connus de reconnaissance adressés par La Fayette à ceux qui ont contribué à sa délivrance. C’est Romeuf qui est intervenu au moment décisif pour l'obtenir, quand elle paraissait compromise en raison de l’intransigeance de son général. (Cf. la fin de la lettre de M"° de Tessé, XXXIV.) IT était juste qu'il fût le premier remercié, de la prison même. Barthélemy, Clarke et Bonaparte sont associés à la gratitude de La Fayette. Barras le sera plus tard dans une lettre spéciale, dont les Mémoires ont en vain fait disparaitre les traces (XLI). On verra que la reconnaissance « n’est pas le principal titre qui attache La Fayette à Bonaparte ». L’admiration est sincère pour le général victorieux, mais il y a aussi de la sympathie politique, et l’on pressent déjà l'espoir exprimé l’année suivante dans une lettre datée de Wittmold (23 mai 1798) : « 11 est probable que le pouvoir changera souvent de mains jusqu’à ce qu'un parti armé de la force ait le bon esprit de s'appuyer sur l’opinion et de fixer la chose publique et son existence particulière sur des bases légales, nationales et durables. »