Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTICES SUR LES DOCUMENTS INÉDITS 155

XXXVII et XXXVIII. — Romeuf, après son entrevue avec Thugut, reçut un passeport pour Hambourg, et s’y rendit immédiatement afin de préparer avec Le consul des États-Unis, M. Pitkern, successeur de Parish, et le ministre impérial à Hambourg, M. de Buol-Schauenstein, les formalités exigées par la cour de Vienne. Mais Thugut voulait prendre ses précautions pour obliger le consul américain à le débarrasser au plus vite de « toute cette caravane de La Fayette, femme, enfants et autres compagnons de captivité » {lettre du 7 septembre; GE Max Büdinger, loco cit.).

Il tenait ensuite, avant de lâcher prise, à recevoir des États-Unis des déclarations qui lui permissent de paraitre céder, en relâchant les prisonniers, non pas aux sommations de la France, mais à un sentiment spontané de déférence de l'Autriche pour les sollicitations américaines renouvelées en vain depuis cinq ans, mais qu’il voulait se donner l'avantage de prendre en considération. Il avait à s'assurer qu’il serait possible au consul des États-Unis d'exécuter la clause d'envoyer les prisonniers hors de Hambourg et des États de l'Empire germanique. Or la difficulté était grande. C’est ce qu'il écrivait au plénipotentiaire français Clarke, le 12 août : « Vous avez été instruit par M. Perret (secrétaire de Clarke) que les trois prisonniers d'Olmütz auraient été déjà mis en liberté si l’on avait déterminé où l’on devait les conduire et les remettre. Or, on a témoigné que l’on

ne pouvait les recevoir ni en Italie, ni en France’, ni

1. La Fayette a dit (Mém., t. IV, pp. 294, 856, 366) que cette interdiction particulière de rentrer en France avait été ajoutée par Bonaparte luimême, malgré les intentions contraires du Directoire. Celte opinion a été reproduite par lady Morgan (/a France, t. II, p. 256). C'est là une erreur contre laquelle Lareveillère proteste en ces termes : « Il est de toute fausseté que la condition dont il s’agit ici ait été imposée spontanément par Bonaparte; l’ordre lui en fut donné par une instruction positive et