Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTICES SUR LES DOCUMENTS INÉDITS 159

pas voulu remercier le Directoire pour sa délivrance, afin de ne pas paraitre approuver le 18 fructidor. « Nos lettres de reconnaissance, dit-il expressément (V, 150), ne furent adressées qu’au ministre des relations extérieures, Talleyrand, au général Clarke et au général Bonaparte. » Ce dernier cependant était bien pour quelque chose dans le coup d'État dont La Fayette est si vivement offusqué, puisqu'il avait choisi et conseillé l'officier qui l'avait exécuté, Augereau, envoyé tout exprès de l’armée d'Italie au mois de juillet pour prendre le commandement militaire de Paris. Mais Barras, le troisième Directeur, n’était certes pas resté étranger aux préparatifs ni à l’exécution, et il était plus diflicile à La Fayette de ne pas lui écrire pour le remercier des démarches pressantes qu'il avait multipliées pour son élargissement. Trois jours avant le 18 fructidor, Barras disait à Talleyrand et à Masclet, qui venaient le consulter sur le retour de La Fayette : «Il peut rentrer en France quand il lui plaira, il n’y a pas à cela la moindre difficulté ; quant à mon intérêt pour sa délivrance, vous pouvez y compter. » (197 sept. 1797, IV, 365.) De plus, Barras avait fait savoir à La Fayette, à Hambourg, par l'intermédiaire de Maselet, qu'il comptait sur lui comme auxiliaire politique, et ne lui demandait que de prendre hors de France le temps de juger par lui-même entre le parti qui soutenait le Directoire et l’opposition.

La Fayette remercia donc Barras par écrit, et cela dès son arrivée à Hambourg, par la lettre du 5 octobre (XL), où il demande la liquidation du passé en faveur des offi= ciers qui l’avaient accompagné dans sa fuite le 19 août 1792. La démarche en vue de faire rayer ces officiers de la liste des émigrés fut renouvelée l’année suivante dans les premiers jours de décembre 1798 auprès de Lareveillère-Lépeaux, mais les traces de la première démar-