Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

160 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

che faite en ce sens, par la lettre à Barras, du 5 octobre 1797, n’ont pas toutes été supprimées.

Lareveillère-Lépeaux dit’ que M"° de La Fayette vint le voir, accompagnée de ses deux filles et de son fils Georges. « Après avoir exprimé sa reconnaissance pour le Directoire, elle me témoigna un extrême désir qu'il fit rentrer en France son mari et ses compagnons d’infortune. Je lui exprimai mon regret bien vif et bien sincère de ne pouvoir lui promettre l’accomplissement du vœu qu’elle formait avec tant d’ardeur. En effet, il était bien évidemment impossible que le Directoire satisfit à sa demande, dans la disposition où étaient les deux conseils législatifs, dont la malveillance envers le Directoire était très caractérisée, et dans un moment où les lois sur l’émigration étaient dans toute leur rigueur, et venaient même d’en acquérir une nouvelle par l'événement du 18 fructidor. » En quittant le président du Directoire, M"° de La Fayette lui remit la lettre de son mari datée du 27 novembre 1798. « Il l’a lue devant elle, ajoutetil (V, 5), lui a dit qu’il en ferait part au Directoire, ce qui a eu lieu sur-le-champ. »

Or la lettre remise à Lareveillère-Lépeaux est bien rédigée dans des termes qui rappellent ceux de la lettre XLI, mais toute allusion à l'intervention de Barras et à la lettre précédente a disparu*. Cette première lettre de remerciement était d'ailleurs avouée le 15 décembre 1797, dans une lettre à Masclet dont les Mémoires (IV,

389) ont soigneusement fait disparaitre le passage signi-

4, Mémoires de Lareveillère-Lépeaux, t. 1°", p. 428.

2. V, p. 5, note. Les éditeurs des Mémoires ont eu si bien l'intention de dissimuler la lettre à Barras, qu'ils disent, en citant la seconde lettre adressée au Directoire : C’est la seule qu'il écrivit au Directoire. Mais ils ont eu l’imprudence de changer seulement la date, et d'y laisser le nom du lieu, Jambourg, où La Fayette n'était plus depuis longtemps le 27 novembre 1798, tandis que c’est bien de Hambourg, le 14 vendémiaire an VI (5 oct. 1797), que fut écrite la lettre à Barras que nous publions.