Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

162 GORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

lui est offerte pour traiter le sujet de ses anciennes prédilections, la liberté des nègres. Son accord sur ce point avec Clarkson remontait à 1790. Il avait lui-même provoqué la vocation du philanthrope anglais par le bruit . que fit en 1785 son acquisition, à Cayenne, d’une plantation où il avait donné l’exemple d’un affranchissement graduel des esclaves. L'année suivante, Clarkson, ägé de vingt-six ans, terminait de brillantes études à Cambridge par une dissertation latine qui eut du retentissement : Anne liceat invilos in servitutem dare? « L’esclavage est-il légitime? » Ce travail traduit tout de suite en anglais, il le publiait sous ce titre : An Essay on Slavery and Commerce of the human species, particularly the African, 1786. En 1787, il faisait partie de la Société des Amis des Noirs, qui s’étendit en France sous le même titre en 1788, et il publiait un Æssay on the impolicy of the African slave trade, 1788. C'est alors qu’il s’unit au membre du Parlement Wilberforce (17581833), qui, séduit par ses idées, commence dans le Parlement et dans des meetings où le suivent les Quakers, une campagne de près d’un demi-siècle pour l'abolition de l'esclavage.

Clarkson vint à Paris en janvier 1790, s’aboucha avec Mirabeau et La Fayette et les engagea à porter la cause des nègres devant la Constituante. Les conférences (Mém., II, 71) avaient lieu chez La Rochefoucauld. (Cf. p- %6.) Du 9 au 16 mars, Mirabeau prépara un grand discours sur cette question, mais n’eut pas l’occasion de le prononcer. Clarkson réussit mieux avec La Fayette. À un diner chez celui-ci, il avait eu Le plaisir de rencontrer deux noirs, ofliciers de la garde nationale de SaintDomingue (II, 290). Après un discours de La Fayette (IL moi 1791), l’Assemblée parut disposée à abolir la

prime accordée depuis 1784 à la traite des noirs; mais,