Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTICES SUR LES DOCUMENTS INÉDITS 165

ajoutés au texte. Nous indiquons, dans notre traduction,

entre crochets [], les passages rétablis.

XLIII et XLIV. — Une nouvelle existence va commencer pour La Fayette à partir du moment où il arrive de Hambourg à Wittmold dans le Holstein, chez M"° de Tessé (10 octobre 1797). Pendant deux ans encore il restera proscrit de sa patrie, et plusieurs fois exposé à fuir à l'approche des troupes françaises, qui étendent le territoire occupé après chaque victoire en Hollande et en Allemagne. Après quelques velléités de reprendre un rôle actif dans la Révolution, il sent et se dit à lui-même que « sa vie politique est finie ». « Ma raison me dit qu'il n'y aura jamais rien à faire pour moi, et que même ma réputation est intéressée à terminer ma vie politique. » (IV, 385, 386.) D'autres soins vont l’occuper ; avant tout, ce qui presse, c’est la res angusla domi, la pauvreté, qui ne lui laisse pas même à l’étranger un foyer à lui. La révolution d'Amérique avait fait brèche à sa fortune. La Révolution francaise avait traité ses biens* comme ceux des émigrés, et enfin le Directoire, choqué de son attitude après le 18 fructidor, venait de faire vendre quelques terres qui lui restaient en Bretagne. Il n’a de ressources à attendre que de l'héritage de M"° d’Ayen, non encore liquidé et partagé entre M"° de La Fayette et ses sœurs. Ce sera la raison des voyages de M"* de La Fayette à Paris et de nouvelles séparations, dont au moins profitera la correspondance.

En attendant, La Fayette reste l'hôte de M"° de Tessé*. Celle-ci avait émigré en 1792 avec son mari, et s'était

1. Cf. lettre XXII, p. 264, n. 3.

2. Adrienne-Catherine de Noaïlles, sœur du duc d’'Ayen, née en 1741, mariée en 1755 à Aimé de Froulay, comte de Tessé, grand d'Espagne de

première classe, premier écuyer de la reine, chevalier des ordres du roi, maréchal de camp en 1774.