Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTICES SUR LES DOCUMENTS INÉDITS 167

ainée, Anastasie, ayant épousé, le 8 mai 1798, Charles de Latour-Maubourg, fils de son compagnon de captivité, tout le monde revint avec le jeune ménage s'installer à Wittmold chez la tante de Tessé. En octobre 1798, La Fayette voulut se rapprocher de la France et vint demeurer en Hollande, à Vianen, près d’Utrecht. Les SeptProvinces, sous le nom de République Batave, avaient, depuis les victoires de Pichegru en 1795, signé un traité d'alliance avec la France, et des troupes auxiliaires francaises sous le commandement du général Brune occupaient le pays. La présence de La Fayette dans le voisinage lui porta ombrage, et il s’en plaignit au Directoire, qui fit la sourde oreille.

C'est là que La Fayette commença un examen de sa conduite antérieure, et, avec l’aide de La Colombe, de Pusy et de Louis Romeuf, rassembla des matériaux pour écrire ses Mémoires et mettre en ordre sa correspondance, dont il confia la publication à son fils Georges. Il y écrivit en 1797 la Démocratie royale; la Lettre à M. d'Hennings, bailli de Ploën et rédacteur d’un recueil intitulé Le Génie du Temps; les Souvenirs en sortant de prison. Les lettres XLIII et XLIV sont adressées à Louis Romeuf, qui, après avoir passé l'hiver de 1797 avec le général, avait repris du service et faisait partie de l'expédition de Malte, avec son frère Victor, dans l'état-major de Bonaparte. Au mois de juillet 1798, M°° de La Fayette venait d’arriver à Paris pour essayer de remettre de l’ordre dans les finances très compromises de la famille. Elle était aussi chargée de sonder les Directeurs sur l'accueil qu'ils feraient au retour en France de son mari. L'idée de se réfugier en Amérique semblait abandonnée, à cause des rapports hostiles des deux républiques. Depuis que l’An-

gleterre était entrée dans la coalition européenne, la