Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTICES SUR LES DOCUMENTS INÉDITS 171

justification de ceux qui ont concouru à nos réformes, vous ne choquerez point et vous ferez beaucoup d’im-

pression. Les anciens sujets de plainte sont oubliés. »

XLVIIT à L. — Si la lettre précédente montre La Fayette ranimé par ses projets de publications historiques, nous le retrouvons dans les suivantes (XLVITI à L), désespéré, contrit d’avoir interposé ses préférences dans les combinaisons que sa femme poursuit à Paris, et s’efforçant de se faire pardonner cet excès d’initiative. M"° de La Fayette, à travers cette correspondance, apparaît comme une femme de tête, très apte à négocier les affaires de la famille et à soutenir dans les milieux politiques les intérêts des proscrits, mais en même temps un peu ombrageuse et capable de faire sentir qu'étant placée, avec toute la responsabilité, sur les lieux mêmes où se résolvent toutes les questions, elle est impatientée de n’avoir pas pouvoir pour tout décider. La Fayette, au contraire, est surtout d’une sensibilité aussi prompte à s’enflammer qu’à s’abattre. Il met bien de la délicatesse, il est vrai, à s’excuser d’avoir contrarié son plénipotentiaire, et il se résigne à voir s’écrouler tous ses projets l’un après l’autre (XLVIIT. Il renonce, sur les objections de sa femme, au plan de droit publie comparé qu'il avait esquissé à grands traits; il renonce à une installation en Hollande; il ne voit plus d’espoir qu’en une nouvelle séparation, sa femme gérant en France les biens de ses sœurs, et lui allant chercher fortune en Amérique; mais une lettre de Washington va venir lui enlever encore cette chance (L). De plus, les embarras d'argent augmentent. Il se sent à charge aux siens, en présence d’une dette considérable, et suspendu aux éventualités du partage des biens laissés par l’héritage

de M"° d’Ayen. Ce sont là des lettres douloureuses, où se