Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

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précise le trait dominant de cette nature dans laquelle le sentiment domine.

Le mot de son fils (XLIX) à Louis Romeuf est une des très rares lettres de Georges La Fayette. Il a été joint à une lettre du père à l’ancien aide de camp. Georges avait, avec son précepteur Frestel, quitté l'Amérique en apprenant la libération de son père, et était arrivé à Paris en décembre 1797. Il avait fait une visite à Bona-

parte, rentré à Paris le 5 décembre 1797 après la signa-

5 ture du traité de Campo-Formio (17 octobre 1797) et installé rue Chantereine, alors nommée rue de la Victoire. Bonaparte était absent, mais Joséphine avait bien accueilli le fils de La Fayette et lui avait dit : « Il faut que votre père et mon mari fassent cause commune. » (V, 135.) Mais ensuite Bonaparte dit à Louis Romeuf, qui lui parlait de La Fayette : « Nos opinions politiques sont trop différentes pour que j'aie jamais pensé qu'il puisse rentrer. » Georges La Fayette avait retrouvé son père à Lehmkuhlen en février 1798.

LI à LIT. — Les trois lettres qui suivent sont adressées, de janvier à mars 1799, à Louis Romeuf, qui, après la campagne de Malte, était revenu auprès de La Fayette et ensuite retourné à Paris pour y seconder ses projets de publications. Tout avenir politique paraissant fermé au proscrit, il reporta son activité sur un ensemble de travaux littéraires et historiques pour lesquels Pusy d'abord et ensuite Romeuf lui servirent de secrétaires. La lettre LI date de la rentrée à Paris de Romeuf et de son frère Alexandre, et exprime la satisfaction de voir les deux officiers échappés à des dangers de toute espèce. La suivante annonce le retour de M" de La Fayette à Vianen, où la famille s'était réfugiée en décembre 1798 parce que le Holstein, dépendance de l’Empire germanique,