Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

82 GORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

rien dans ce genre ne peut être stipulé que par une assemblée nationale » (9 octobre 1787). Il explique sa situation insurrectionnelle : « Ne pouvant me servir des ministres pour avancer la liberté, je n’ai plus songé qu'à attaquer le gouvernement. » (II, 309.) « Vous sentez qu'ayant tiré l'épée et jeté le fourreau, je dois être charmé de tout ce qui avance la Révolution et je calcule tout ce qui empêcherait d'atteindre le point où je désire que nous nous arrétions. » (Zbid.) Au plaisir d'être le premier des excitateurs se mêle déjà le souci de n'être pas dépassé, et, pour conserver la situation la plus en vue, de mécontenter le moins de monde qu’il se pourra : « Je ne puis me borner à être l’homme de la sénéchaussée d’Auvergne après avoir contribué à la liberté d’un autre monde. Songez que je ne puis m'arrêter dans la carrière sans tomber et qu'avec la meilleure envie d’être à ma place, il faut que cette place soit sur la brèche politique. » (II, 312.) « Les idées de liberté se sont propagées rapidement depuis la révolution américaine. L'assemblée des notables a mis le feu aux maüères combustibles. » (/bid., 207.) II ne pourra plus ensuite désavouer l'incendie; mais il souhaite avec ardeur que les choses se passent « sans convulsion », d'une manière calme et satisfaisante pour tous (ibid, 218).

De juillet 1789 à juillet 1790 La Fayette fut peut-être l’homme le plus populaire en France. Le 11 juillet 1789 il propose un texte pour la Déclaration des Droits, qui servira de base à celle qui fut adoptée le 27 août. Du 13 au 16, il préside l’Assemblée à la place de l’archevèque de Vienne, Le Franc de Pompignan. Il fait proclamer l’ordre de démolir la Bastille en vertu d’une délibération du comité permanent de l'hôtel de