Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

ÉTUDE PSYCHOLOGIQUE 87

tive, il est obligé d'abandonner ses fonctions de commandant général des gardes nationales. Un décret du 12 septembre 1791 avait supprimé le titre et attribué les fonctions aux six chefs de légion qui devaient commander tour à tour pendant un mois. C'était là un échec pour la bourgeoisie armée, dont la force se trouvait désunie, et qui bientôt verra avec scandale les compagnies à piques du peuple adjointes à ses légions armées de fusils (9 juin 1792). Nouvel échec lors de l'élection à la mairie de Paris, le 16 novembre 1791. Bailly se retirait. La Fayette était le candidat des constitutionnels à cette fonction, qui permettait de provoquer les mouvements populaires ou de les réprimer comme au Champ de Mars. Sur 10,632 votants, Pétion eut 6,728 voix, et La Fayette 3,123; Le mot de M. Bardoux à ce sujet est juste, malgré le ton dédaigneux : « La bourgeoisie sortait des affaires avec l’un; les clubs y entraient avec l’autre’. » La bourgeoisie, en effet, n'avait plus la maîtrise sur les partis, fortement modifiés dans la Législative, ni sur la garde nationale, ni sur la Commune de Paris. Elle se retourna vers le roi et le ministère.

Elle ne nie pas le double danger de l’'émigration à l'étranger et de l'insurrection fomentée à l'intérieur par les prêtres réfractaires; mais elle préfère attendre que le mal soit bien caractérisé pour se décider à intervenir. Elle soutient le roi sur le décret contre les émigrés, ce qui donne toute facilité à la guerre étrangère, et dans le veto sur le décret contre les prêtres réfractaires, ce qui détermine la guerre civile (14 et 29 novembre 1791). Puis, grâce à la pression exercée par La Fayette et les Feuillants, Narbonne,

1. Jeunesse de La T'ayette, p.334.