Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

ÉTUDE PSYCHOLOGIQUE 93

tution qu'il a jurée le 14 juillet 1790, au nom de la France armée, dont quatorze mille députés des gardes nationales l'avaient rendu l'organe ». Il prévoit les effets du manifeste de Brunswick, qui ne sera connu à Paris que le 25 juillet, et il en profite, le 16 juin, en écrivant : « Tandis que des cours étrangères annoncent l’intolérable projet d’attenter à notre souveraineté nationale. » Il sait d'avance que Dumouriez, « que sa correspondance accusait depuis longtemps » (III, 325), partira comme les trois autres ministres girondins, et il va jusqu'à dire : « Le ministère a succombé sous ses propres intrigues; ce n'est pas en sacrifiant trois collègues, asservis par leur insignifiance à son pouvoir, que le moins excusable, le plus noté de ces ministres, aura cimenté dans le conseil du roi son équivoque et scandaleuse existence. » Il réclame, en somme, qu'on ferme les mauvais clubs, c'est-à-dire celui des Jacobins; qu'on supprime dans toute la France les clubs qui leur sont affiliés; qu'on ne puisse parvenir au ministère dès qu’on a fait preuve de dévouement à la secte jacobine, c’est-à-dire que le ministère soit pris parmi les Feuillants (il sait déjà quel cabinet est préparé pour le 18 juin); que la France prenne modèle sur l’armée de La Fayette, pour apprendre la pratique de la discipline et de l’ordre public; que l'Assemblée promette de rendre l'influence au parti constitutionnel, sans quoi cette armée ne saurait « combattre avec efficacité et mourir avec fruit »; que « la liberté religieuse jouisse de l'entière application des vrais principes », c’est-à-dire qu’on abolisse Le décret du G avril 1792, supprimant toutes les congrégations d'hommes et de femmes, ecclésiastiques ou laïques, et prohibant Les costumes ecclésiastiques; que la garde con-