Correspondance politique et confidentielle inèdite de Louis XVI, avec ses frères, et plusieurs personnes célèbres, pendant les dernières années de son règne, et jusqu'à sa mort

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sement fait sa sûreté, il y trouve sa gloire, gloire bien supérieure à celle que recherchent communément, par les armes, les princes qui, sous les spécieux prétextes de bienséances et d'utilité, et par le seul motif d'étendre leurs limites, ou de signaler leur valeur, ne respirent que la guerre. Véritablement cette espèce de gloire peut augmenter leur puissance ou leur réputation, mais elle coûte trop cher à l'humanité dont elle répand le sang. Les souverains ne sont-ils donc les chefs, les protecteurs, les pères des autres hommes , que pour les sacrifier à leurs passions ? et ne doivent-ils pas frémir de les y contraindre, dans les occasions même où l'exige indispensablement la conservation de l’Etat ?

La liberté d’an souverain n’est pas différente de celle de ses peuples : il ne lui est pas permis de vouloir tout ce qu’il peut; il est obligé, comme eux, à ne vouloir que ce qu'il doit. Dans cette disposition il n’a rien à craindre de ses sujets, et ses sujets laiment plus qw’ils ne le craignent. Exempt