Čovek i inventivni život

Boxuxap I. M. Aypuarh

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Cette activité chimique du carbone et de quelques autres éléments au sein de la vie est tellement différente de leur comportement dans la nature inorganique que, comme nous le rappelions plus haut, la plupart des chimistes de la première moitié du xIx* sièele se refusaient de l’attribuer uniquement aux potentialités chimiques des éléments en jeu, faisant intervenir quelque force particulière à la vie. Actuellement il n’y a plus de doute que le carbone, comme tous les autres éléments chimiques, n'est actif dans le mécanisme de la vie que par ce qu'il possède dans le monde inorganique. Toutefois il n’est pas moins vrai que dans les conditions d'existence de la vie, il n’a aucune tendance à manifester ce dont il est capable au sein de l'être vivant. Et ce n’est que par des moyens artificiels, c’est-à-dire dans des conditions différentes de celles réalisées dans le milieu vital, par une véritable contrainte. qu'on a obligé dans les laboratoires le carbone à déployer ses affinités.

Les efforts des chimistes ont été dirisés dans ce sens parce que la vie leur donnait le modèle à imiter. Si l’on a réussi à obtenir par synthèse artificielle le suere, par exemple, c’est parce que les êtres vivants nous avaient montré ce que le carbone et les éléments de l’eau peuvent donner. Sans cela il est justifié de se demander si l’on aurait découvert les singulières capacités du carbone, autrement dit si la chimie organique synthétique existerait. De même on peut se demander, il nous semble, si quelques autres éléments ne cachent pas des possibilités du genre de celles du carbone, mais que l’on n’a pas encore découvertes faute d’un révélateur comme le fut la vie dans le cas du carbone.

Répétons-le : la chimie de la vie ne repose que sur les propriétés des éléments chimiques, mais celles-ci ne se manifestent pas en général dans la nature inorganique actuelle, de sorte que l'on ne peut aisément imaginer la matière vivante dérivant spontanément des éléments dont elle est constituée. On doit chercher pour cela dans le passé de la Terre, ou même hors d'elle, des conditions très différentes de celles régnant actuellement à la surface de la Terre ; des conditions éminemment stérilisantes et destructrices de vie.

Dans les conditions actuelles de manifestation de la vie, les potentialités chimiques que met à profit l'organisme, ne se trahissent pas généralement hors de lui, dans son entourage ; elles y restent cachées, latentes, comme nous l’a montré l’exemple du carbone, d’où l'impression qu'elles ont dû être découvertes pour pouvoir être utilisées.

Le problème chimique de la vie se présenterait sous un tout autre aspect si les affinités du carbone s’accusaient dans Ja nature par la formation d’un grand nombre de composés dont la complexité progressive serait un acheminement des éléments