Čovek i inventivni život
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boxnnap I. M. Aypanñ
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lois de la nature : elles découlent d’un certain état de choses au lieu de le diriger. Elles ne sont qu’une facon de formuler les propriétés inhérentes de la matière et de l'énergie. Les lois de la nature ressemblent aux lois que nous tirerions du comportement d’une société humaine qui ne se serait prescrit aucune loi.
On considère généralement que les lois de la nature sont un ordre supérieur de choses. On a tendance à admettre à leur origine la nécessité d’une certaine puissance d'ordre et d'harmonie. Or, dès que les éléments du monde physique sont doués de certaines qualités inhérentes, c’est-à-dire dès qu'ils existent et qu'ils peuvent agir les uns sur les autres, il doit en découler forcément un certain rapport entre eux, c’est-à-dire une certaine règle ou loi. C’est l'existence même du monde physique qui est mystérieuse et non pas ses lois, qui ne le gouvernent pas. Ce qui est mystérieux c’est l’origine de la force de gravitation et non pas qu'elle agisse selon des lois mathématiques. Ce qui serait troublant, c’est qu’elle agisse « à sa guise », déjouant tous les efforts des physiciens pour lui trouver une règle.
On admire l'univers où règnent des lois. Des systèmes cosmogoniques anciens font sortir cet ordre du chaos primitif. On considère l’ordre de la nature hiérarchiquement supérieur au chaos. Mais en est-il réellement ainsi ? Un état chaotique est-il même possible dans la nature ? Pour l’entretenir il faudrait sans cesse y introduire de nouveaux éléments quantitatifs ou qualitatifs défiant toute règle.
Si la nature ne pouvait être captée dans des lois, c’est-à-dire 81 l’état chaotique était sa loi générale, on devrait admettre qu’elle est dirigée par une volonté capricieuse, par une initiative. Et c’est précisément l'existence des lois de la nature qui démontre l’absence d'une telle initiative. Et si l’état désordonné, le chaos, les changements incessants d'ordre et de lois sont l'apanage des sociétés humaines, dont il est le plus difficile d'étudier le déterminisme causal, c’est qu'elles possèdent l'élément absent dans la nature inanimée : l’idée, la volonté, l'initiative, l'intelligence. Sans intelligence, pas de chaos.
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