Éloge de Vergniaud : discours de rentrée prononcé à l'ouverture des conférences de l'ordre des avocats de Bordeaux, le 4 janvier 1875
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plaide, et obtient le plus brillant succès: il ne lui faut pas trois plaidoiries pour se faire une place à côté des maîtres : dès 1783, nous voyons son nom figurer, au bas d'une consultation, entre celui de Cazalet et celui de Martignac (1).
À cette époque, Messieurs, le goût littéraire s’entretenait au barreau comme un autre feu sacré : antique et précieuse tradition, respectée surtout à Bordeaux, à laquelle nos grands avocats de la Restauration sont restés fidèles, et qui ne s'est point, grâce à Dieu, tout à fait perdue parmi nous. En 1783, se fondait dans notre ville la Société du Musée; la plupart des membres de cette libre Académie étaient avocats ; mais M. Dupaty pouvait-il n’en pas être? Vergniaud, lui aussi, en fit partie, Ses travaux de Muséen ne nous sont point parvenus : œuvres fugitives et légères, pendant un temps, peut-être, inapercues et dédaignées, et que l'on cherche en vain au moment où l'on en soupconne le prix. Pourtant le Mercure de France publia un jour une pièce de vers signée Vergniaud, avocat au Parlement de Bordeaux, et intitulée Épêtre aux Astro nomes (2). Pour éviter toute surprise et tout reproche, je dois vous prévenir qu'elle n’a, en dépit du titre, rien de bien scientifique, ni même, en dépit de la signature, rien de bien judiciaire; mais je n'ai pas à choisir; et peut-être, après tout, ne regretterez-vous que de n'en pas entendre d'autres du même tour et de la même grâce :
Messieurs les amants d'Uranie, Le ciel brille, l'air est serein :
Par deux astres nouveaux la nuit est embellie ; Dépêchez-vous, lorgnette en main Pénétrons sous ce vert feuillage.
(4) Le sieur de Beaumont, curé de Tartas, contre le sieur Bergey, vicaire général de M. l'évêque de Dax. — {Bibliothèque de l'Ordre des avocats de Bordeaux ; Mémoires, tome XIV, collection Tessier.)
(2} Mercure de France, du samedi 14 septembre 4782, p. 51; Vatel, LILEps 3