Éloge de Vergniaud : discours de rentrée prononcé à l'ouverture des conférences de l'ordre des avocats de Bordeaux, le 4 janvier 1875
Mag =
Un autre plaidoyer, qui eut un succès plus retentissant encore, et qui fit, on peut le dire, de Vergniaud un homme politique, est celui qu’il prononca, le 7 février 1791, pour le sieur Pierre Durieux, devant le Tribunal du district de Bordeaux.
Les Parlements ont vécu : et des juges élus, — MM. de Brézetz, Dégranges, Desèze aîné, Brochon et Desmirail, leurs noms, cités ici, contiennent le plus bel éloge qu'on en puisse faire, — ont remplacéles turbulents magistrats qui, après avoir continué sous Louis XVI la même opposition qui les avait rendus populaires sous les précédents règnes, se sont vu renverser par la Révolution qu'ils avaient si imprudemment provoquée. Le décret sur l'institution des municipalités a excité une émeute dans la commune d'Alassac : le banc des seigneurs, à l’église, a été brûlé: mais la noblesse trouve aussi ses partisans, auxquels elle délivre des armes; les cavaliers de la maréchaussée, accourus au bruit du tocsin, dispersent la multitude ; le sang coule, mais le château est saccagé. Cependant la garde nationale de Brives a envoyé un détachement à Alassac, Durieux en fait partie ; sans prendre aucune part active à l’émeute, il laisse éclater son indignation à la vue des cadavres : il est accusé d’avoir provoqué des désordres. Son défenseur, dans un langage animé et brillant d'images, trace le tableau des premières journées de la Révolution, décrit les sentiments qu'elles ont fait naître dans le cœur du peuple des campagnes. Si l’on peut à bon droit adresser à Vergniaud le reproche de transformer la barre en tribune, il est, du moins, aisé de voir que cette voix, pour laquelle déjà le prétoire semble trop étroit, saura remplir un autre théâtre. res de Limoges, et Vergniaud, tant les affaires chômaient au Palais, songea sérieusement à lui demander une place de commis. M. Alluaud se contenta d'utiliser les loisirs de son beau-frère à la surveillance d'une manufacture
qu'il avait créée à Bordeaux. V. Correspondance, notamment 29 mars 1788, n° 97; Vatel, t. Ier, p. 121.