Essai sur les dernières années du régime corporatif à Genève : (1793-1798)
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donc rien d'étonnant à ce que les natifs aient été « charmés de ne rencontrer plus aucune entrave à leur industrie et de jouir sans vexations de toute leur prospérité !. » Lorsqu'on se rend compte du fait que presque la moitié de la population genevoise se composait alors de natifs. on comprend l'importance de cette mesure et l'on se persuade aisément qu'une conquête aussi essentielle ait été considérée pendant longtemps encore comme un avantage précieux et auquel il ne fallait pas toucher.
Et on n'y touchait pas, en effet. L'Edit du 10 février 1780. qui marquait la victoire des « représentants » sur les « négatifs » et qui fut un grand pas vers la démocratie intégrale. cet Edit ne se préoccupa pas des questions d'organisation économique. Et l'Edit du r2 décembre 1792. qui établissait l'égalité politique, n'eut de l'influence sur cette organisation qu'en naturalisant les «habitants » et en faisant disparaître ainsi les derniers privilèges des bourgeois et des natifs sur cette classe des nouveaux immigrés. Les corporations de métier, que Turgot avait essayé d'abolir en France en 1776, et que la Révolution avait définitivement abolies en 1791 *, ces corporations ne furent en rien modifiées à Genève par la victoire de la démocratie sur |’ «ancien régime».
C'est à partir de ce triomphe de l'égalité politique, que nous allons essayer de montrer les rares transformations et la fin catastrophique des corporations de métier genevoises. Mais avant de procéder à cette étude. il faudra nous rendre compte de l'organisation économique de Genève à la veille de 1703.
1 Jsaac Corxuaub. Mémoires sur Genève et la Révolution de 1770 à 1795. Genève 1912, p. 420. ? Loi « Le Chapelier », du 14 juin 1791.