Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt
98 THÉROIGNE DE MÉRICOURT.
témoignage. Après avoir vu venger par la mort du hardi journaliste et les patriotes brabançons et son honneur de femme, la belle Liégeoise se précipita au milieu des Marseillais qui forçaient la grille du Carrousel. Elle ÿ paya bravement de sa personne; les fédérés devaient lui décerner bientôt, pour son courage, une couronne civique {.
À cette date fameuse, il est bon de citer un autre portrait de Théroigne, donné par Beaulieu : « À la fin de sa carrière, dit-il, elle avait absolument perdu toutes ses grâces. Elle était couperosée, livide, décharnée. Enfin, elle fut l’image ambulante de la Révolution. Brillante dans ses commencements, énergumène dans son cours, dégoûtante de fange et de sang après le 10 août ? ».
Tous les contemporains démentent ce portrait romanesque, encore plus faux que malveillant. Le royaliste Beaulieu, qui connaissait Théroigne mieux que personne, s’y dément du reste luimême. On sent qu'il écrit ces lignes pour placer une comparaison à effet. Il a sacrifié la vérité et même la vraisemblance à une amplification de rhétorique.
1. Moniteur du 3 septembre 1792. 2. Essais historiques, t. II, p. 54.