Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt
THÉROIGNE DE MÉRICOURT. 109
lui relevait ses vêtements, les autres la fouettèrent à nu.
Cette fustigation sommaire et indécente était dans les habitudes du temps. Les commères de la rue l'avaient souvent infligée aux femmes aristocrates ou aux religieuses restées fidèles à leur costume professionnel. On n’a qu’à voir de nombreuses gravures de l’époque, notamment celles qui illustrent les numéros 74 et 99 des Révolutions de France et de Brabant. Quant au cas de Théroigne, Restif de la Bretonne, dans son Année des dames nationales (page 3807), racontant la scène de la terrasse des Feuillants, dit que la belle Liégeoise fut « fessée à Saint-Eustache par les femmes de la Halle à qui elle voulait imposer la cocarde tricolore ». Il est difficile d’entasser plus d’inexactitudes en trois lignes.
Théroigne subit ce supplice en hurlant de colère, au milieu des éclats de rire d’une foule sans pitié. Son fier orgueil, si masculin malgré ses dehors de femme élégante, reçut une cruelle atteinte de ce traitement barbare. L’héroïne sans peur, qui n’avait jamais pâli au sifflement des balles du 14 juil-
1. Rapport inédit des Archives, déjà cité. Révolution de Paris, n° 201.