Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt
110 THÉROIGNE DE MÉRICOURT.
let et du 10 août, fouettée comme une enfant, en plein soleil, en présence de ce peuple à l'affranchissement duquel elle avait consacré sa vie, ressentit au cerveau un contre-coup dont elle ne se releva jamais. Pourtant, en dépit d’une tradition généralement acceptée, Théroïgne ne devint pas folle immédiatement après la scène du 15 mai. Elle se retira de la vie publique, cherchant la solitude pour y cacher son humiliation. M. Demarteau, dans la brochure que nous avons citée plus haut, reproduit un reçu donné par elle au baron de Sélys pour le réglement de l'affaire de ses diamants, à la date du 9 juillet 1793. Mais Théroigne ne reparut plus dans la rue, pas même à la fête de la Réunion du 10 août, décrétée par la Convention les 11 et 20 juillet 1793, où les héroïnes des 5 et 6 octobre, assises sur des canons, figurérent sous l’are de triomphe du boulevard des Italiens.
Vers cette époque, le cerveau de la belle Liégeoise céda définitivement sous l’afflux de sang que lui renvoyait un cœur ulcéré. Des amis la placèrent dans une maison de santé du faubourg Saint-Marceau. À ses moments lucides, elle essayait de gagner une fenêtre donnant sur .la rue, pour appeler les passants à son secours et