Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt

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riant aux personnes qui l’abordaient; quelquefois elle répondait brusquement : Je ne vous connaïs pas, et se cachait sous sa couverture. Elle disait souvent : Je ne sais, J'ai oublié, s'impatientant quand on insistait, parlant alors toute seule, à voix basse, articulant des phrases entrecoupées des mots fortune, liberté, comité, révolution, coquins, décret, arrêté, ete. Lepoète belse Adolphe Mathieu, dont nous avons cité quelques vers à propos des journées d'octobre, représente Théroigne dans son cabanon prise, comme la Pythie antique, d’un accès de fureur mystérieuse et évoquant les principales journées auxquelles elle avait pris part : le 14 juillet, le 6 octobre, la Fédération et le 10 août, dont les scènes tumultueuses hantaient son cerveau vide.

Vers 1808, elle eut une période de demi-lucidité, et reconnaissant parmi les visiteurs de la Salpêtrière un personnage officiel qui avait joué un rôle dans la Révolution, elle l’accabla d’injures, lui reprochant d’avoir trahi la cause du peuple. Ce personnage resté inconnu pourrait bien être l’ancien constituant Regnaud de SaintJean d’Angély, alors fort en faveur auprès de Napoléon, qui avait sans doute connu Théroigne au temps du club des Amis de la loi; nous de-