Études historiques et figures alsaciennes

MADAME LUCIFER 159

lors même qu’elle venait de Gœthe ou de Schiller : comment l’aurait-il acceptée de la part d'une femme à laquelle il reconnaissait tout au plus un talent d’amateur ? Cependant les rapports durèrent sur le pied d’une amitié fraternelle, même après que Frédéric eut épouséDorothée Mendelssohn,la femme divorcée du banquier Veit. Au reste, les deux bellessœurs ne se ressemblaient ni au physique ni au moral. Caroline écrit, après la première entrevue qu’elle a eue avec Dorothée, le 6 octobre 1799 : « Elle a la marque nationale, c’est-àdire juive, dans sa physionomie, dans sa tenue, dans toute sa manière d'être. Je ne la trouve pas belle. Les yeux sont grands et ardents, le bas de la figure est flasque et massif. Elle n’est pas plus grande que moi, mais un peu plus forte. La voix est ce qu’elle a de plus doux et de plus féminin. Je ne doute pas que j'arrive à l’aimer. » Elle y arriva en effet, du moins temporairement, et aussi longtemps que les deux belles-sœurs y mirent de la bonne volonté de part et

d'autre.