Études historiques et figures alsaciennes

ERCKMANN-CHATRIAN 213

On a fait à Erckmann des chicanes de style, et on peut lui en faire. Sa plume se met à l'aise, comme le font ses personnages. Toute affectation, même toute gêne lui est contraire ; mais elle est si bonne personne, qu’on lui pardonne volontiers quelques négligences. Elle est naturélle avant tout, et elle l’est à un très haut degré, si toutefois il y a des degrés dans le naturel. Ce qu’on ne peut contester à Erckmann, c’est l’originalité, et c’est ce qui le fera vivre. Il a peint les mœurs d’une région de la France, région limitrophe et par conséquent d’un esprit nuancé, qui demandait un observateursagace, pénétrant, assidu, et surtout amoureux de son sujet. D’où lui vient son originaté? C’est sans doute d’avoir vécu en dehors des influences littéraires. Quels furent ses maîtres ? On ne saurait le dire. Il lisait peu, et ce qu’il lisait, c’étaient surtout des poètes; il avait une grande admiration pour Corneille. Mais il savaitregarder et écouter, et sa mémoire était un réservoir inépuisable de mots et d'idées.

Que d'écrivains ont appris de Rousseau à