Études historiques et figures alsaciennes
HERRADE DE LANDSPERG 237
contempler l'époux, aujourd'hui soustrait à vos regards...l, »
Le grand nombre des religieuses, la plupart nobles, indique déjà que la citadelle pieuse de Hohenbourg était surtout un lieu de refuge pour les déclassées et les persécutées de la vie mondaine. Herrade de Landsperg était contemporaine de Philippe-Auguste et de Frédéric Barberousse. La guerre féodale sévissait partout. La compétition pour des trônes grands ou petits ensanglantait tous les pays de l’Europe. Herrade elle-même offrit un asile à la veuve et aux deux filles de Tancrède, roi de Sicile, dépossédé par l'empereur Henri VI. Le clergé séculier s’associait aux menées tapageuses des seigneurs laïques. Herrade lui reproche de s’adonner au jeu et à la chasse, et de dépenser en plaisirs l’argent destiné aux pauvres. Même les mystères joués dans les églises deviennent, dit-elle, une occasion d’orgies. Elle trace dès Lors sa ligne de
1. O nivei flores, dantes virtutis odores, Semper divina pausantes in theoria,
Pulvere terrena contempto, currite cœlo, Quo nunc absconsum valetis cernere sponsum.