Garat 1762-1823

6 GARAT.

quelque peu de tapage dans un groupe voisin, un de ses camarades, Jean-Baptiste Brochon, — issu d'une famille d'avocats au Parlement, plus tard avocat lui-même de grand mérite, dont un descendant fut maire de Bordeaux, — exaspéré par ce bruit qui l’empêchait d'entendre à son aise le chanteur, tira son épée du fourreau — ces bourgeois gascons ayant l'allure et l'aspect de gentilshommes, portaient l'épée comme eux — se précipita au milieu de ses bruyants voisins, menaçant de transpercer le premier dont il entendrait encore la voix. Pas besoin d'ajouter que, devant cet argument, le silence le plus complet se fit comme par enchantement.

S'il était alors de mode à Bordeaux de faire de la musique en plein air, il ne l'était pas moins d'en faire dans les salons. Garat y chantait beaucoup, accompagné par quelque camarade ou ami, quand il ne s’accompagnait pas lui-même de simples accords plaqués d'une seule main sur le clavecin. Il interprétait alors le dernier opéra qu'il venait d'entendre la veille au Grand-Théâtre, ou bien quelque antique complainte patoise,

quelque mélodieuse cantilène basque, souvenir de