Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LES DEUX LA ROCHEFOUCAULD 15

royal. — Deux jours avant la prise de la Bastille, déjà la foule fait entendre des paroles de meurtre et de pillage : « C’est donc une révolte » ? dit Louis XVI à son grand-maître de la garde-robe. — « Non, Sire, répond celui-ci, c’est une révolution. » Le 14 juillet, la Bastille est détruite; des actes de cannibale ont été commis. La cour a peur, l’Assemblée a peur. Entre eux la défiance, et quelle défiance ! Un rapprochement des deux pouvoirs s'impose. Le due de Liancourt S'en fait l'agent. Il obtient du roi de se rendre aux États, et c’est lui qui l’y amène (1). Si ce jour-là Louis XVI est acclamé par la plèbe comme prince ne le fut peut-être jamais; si, entouré de tous les représentants de la nation, il est « semblable à Henri IV au milieu de ses troupes après la bataille d’Ivry (2) », c’est à son habile conseiller qu’il le doit.

Ettrès certainement aussi il faut attribuer à celui- |

ci les heureux effets de la décision qui, dès le lendemain, ramène Necker triomphant dans les conseils de la nation. L’Assemblée nationale n’eut aucun doute à cet égard; le 20 juillet, elle appela le duc de Liancourt à la présidence de ses délibérations ; témoignage d'estime ettrès certainement, étant donné les circonstances, de gratitude.

À partir de cet instant, les deux cousins n’accomplissent plus qu'une même besogne, développer et organiser la démocratie naissante. Dans les motions qu'ils font, dans les lois qu’ils votent, partout appa-

(1) Gazette nationale du 15 juillet 1789. (2) Tbid. du 16 juillet 4789.