Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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raît la trace des idées devenues chères à la France du xixe siècle : égalisation de l’impôt, sécularisation de l'État, liberté parlementaire, liberté de conscience, _liberté de la presse.

Le duc de Liancourt a le premier l’occasion de montrer en quel honneur il tient ces idées : le dernier jour de sa présidence, le 3 août 1789, un curé propose à l'Assemblée de se déclarer « catholique, apostolique et romaine ». — C'était aboutir à bref délai à la proclamation d'une religion d'État, c’est-à-dire à la presque certitude d’une horrible tyrannie de conscience chez un peuple qui ne veut plus vivre et être gouverné qu’à coups de majorité. — Liancourt lève purement et simplement la séance.

Lors de la nuit du 4 août, c’est encore lui qui propose et obtient qu’une médaille sera frappée «€ pour éterniserla mémoire de l'union sincère de tous les ordres, de l'abandon de tous les privilèges et de l’ar-

” dent dévouement de tous les individus pour la prospérité et la paix publique » (1).

Viennent les grandes discussions constitutionnelles. Les deux cousins y rivalisent de libéralisme en même temps que d'intelligence politique.

C’est d’abord la déclaration des droits. — Le duc de la Rochefoucauld y fait inscrire celui « de manifester ses opinions, sous la seule condition de ne pas nuire à autrui ». « La presse, dit-il, a détruit le despotisme ; c'est elle qui précédemment avait détruit le fana-

(1) Gazette nationate du 4 au 5 août 1789.