Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LES DEUX LA ROCHEFOUCAULD 71

tisme (1). » Voilà comment parlait un noble qui avait l’intuition des temps nouveaux et qui savait se résigner à l'indépendance de leur morale.

Puis c’est la constitution elle-même. Quel en sera le principe? Souverainete du roi ou souveraineté du peuple? La première est la négation de la démocratie, la seconde en est l'affirmation. Le due de la Rockhefoucauld n’a pas protégé en vain les Encyclopédistes. Aucun représentant ne se montre plus que lui imbu et jaloux de cette distinction. Une première fois, le 28 août 1789, il s'agit de définir la monarchie française (art, 4er). Est-ce le roi qui fait la loi ? S'il ne la fait pas, peut-il y apposer son velo? Le texte en délibération est celui-ci : « Le gouvernement français est une monarchie tempérée par des lois fixes et fondamentales. » Immédiatement le duc propose de dire : « tempérée par des lois faites par la nation ou par ses représentants ». Une seconde fois, le 30 août 1791, lorsque, avant de la proclamer définitive, l’Assemblée nationale jette un dernier coup d'œil sur son œuvre, la Rochefoucauld, revenant sur une idée émise le 26 août 1789 par le comte de Montmorency (2), demande qu'aucune constitution ne puisse être déclarée « définitive », et que le droit du peuplede reviser à toute heure celle qu’il a soit mis en réserve. La démocratie a sa logique tout comme la monarchie; la logique démocratique n'avait pas échappé

(1) Article 41 de la déclaration des droits. Séance du 14 août

4789. (2) Séance du 26 août 1789,