Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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« biens du clergé ». Du moment où, pour des motifs d'équilibre financier, la nation se décidait àles vendre, il n’y avait aucun motif d’excepter une abbaye plutôt qu’une eure.— D'autre part le droit pour un prieurde faire réintégrer de force un moine dégoûté de la contemplation dans son couvent, l'impossibilité où celuici, une fois revêtu de la bure, était de tester ou d'hériter, constituaient des atteintes injustifiables à la liberté individuelle. Aucun libéral ne pouvait y souscrire. — Que les deux la Rochefoucauld, qui voulaient sincèrement l'avènement de la démocratie, aient consenti à la vente des biens du clergé, qu’ils aient décidé que la loi civile cesserait de reconnaitre les vœux monastiques et de prêter mainforte à leur accomplissement, rien de plus laïque, de plus conforme à l'esprit sécularisateur; mais qu’ils aient déclaré que les ordres et congrégations seraient supprimés, que des citoyens à qu'il convenait de vivre dans le mysticisme au lieu de vivre dans la réalité, soignant les malheureux, enseignant les enfants par amour de Dieu et non pas seulement par amour de l'humanité, pour gagner le ciel et non pour faire leur propre bonheur sur la terre, n'auraient plus désormais la liberté de se recruter (1), voilà certes une atteinte peu commune à l’individualisme qui était la base du droit nouveau. — J'avoue avoir éprouvé une triste surprise en constatant que le premier orateur qui ait réclamé de l’Assemblée constituante la suppression « entière» des ordres religieux était le duc de la Rochefoucauld, tandis que celui qui

(1) Décrets du 13 février 1790.