Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LES DEUX LA ROCHEFOUCAULD 83

avait modéré son zèle et déclaré « impolitique et dangereux de supprimer en entierles établissements ecclésiastiques» était l'abbé Grégoire (1), un futur régicidel! Quant au due de Liancourt, il ne vit dans la décision de l’Assemblée « qu’une question économique (2) ». Le philosophisme de lhôtel d'Enville avait décidément fait des siennes dans l'esprit des deux cousins : il les avait portés à dépasser les limites de la liberté individuelle, celles qu'en aucun casla démocratie n’a le droit de franchir.

Les deux la Rochefoucauld n’intervinrent pas dans les discussions auxquelles donna lieu la constitution civile du clergé. La trouvaient-ils mopportune? Peutêtre. Jugeaient-ils que l'État sécularisé n'avait pas à s'immiscer dans les rites d’une église quelconque? Ge qui donne à le croire, c’est l'intervention du duc de Liancourt en faveur du vieux cardinal de la Rochefoucauld, prévenu d’avoir «interdit la confession et la prédication » à des prêtres assermentés dans toute l'étendue du diocèse de Rouen, dont il avait cessé, par suite de refus de serment, d'être archevêque titulaire. Le duc de Liancourt affirma que l'intention de son cousin n’était pas « de provoquer une révolution ». Cette excuse le couvrait à ses yeux; — l'État s'était sécularisé; l’église devait imiter l’État. Le duc de Liancourt demeurait fidèle au laïcisme démocratique, c'est-à-dire logique avec l’œuvre entreprise.

Dans une autre occasion, le duc de la Rochefoucauld

(4) Séances du vendredi 42 février et du jeudi 18 février 1790. (2) Séance du 19 mars 1790.