Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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affirma d’une façon plus extraordinaire encore la franchise de son démocratisme. Aïné de famille, propriétaire de grands biens allodiaux, il se fit Le champion du « partage égal des biens entre les enfants » et par suite de l’abolition des majorats (1), institution privilégiée dont seule l'aristocratie terrienne profitait.

Deux grands seigneurs aussi initiés à la triture de la politique, aussi ouvertement pénétrés des nécessités de leur temps, étaient indiqués pour en préparer les changements. Leur franchise aussi bien que la grandeur de leur situation s’imposait à des députés rélormateurs; les pauvres s’en remettent plus volontiers à un riche qu'à un gueux du soin d'améliorer leur sort. — Dès le début, l’Assemblée nationale les nomma rapporteurs de ses deux commissions les plus révolutionnaires, de celles où allait s’opérer, en réalité, la transformation de la France privilégiée et cléricale en France égalisée et laïque. Le duc de la Rochelfoucauld fut rapporteur « du comité des finances », le duc de Liancourt « du comité de mendicité (2) ». L'impôt et l’assistance publique! Des aristocrates de naissance allaient poser les bases des deux institutions modernes les plus typiques!

Le 18 août 1790, commence la discussion du premier budget régulier de la France. Le duc de la Rochefoucauld expose au nom du comité d'imposition les principes nouveaux de l'impôt, égal pour tous, et,

(4) Séance du 18 juin 1791. (2) Séance du 25 février 1790.