Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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venir après coup remplacer des exigences exagérées ou injustes du fisc.

Ce rapport est un pur chef-d'œuvre; il fut très applaudi, affirme le Moniteur universel (1). Aujourd'hui encore, après cent ans, il fait loi ; il est l’article premier du credo financier de la Révolution. Le duc de la Rochefoucauld en défendit les conclusions dans plus de dix harangues, qui font le plus grand honneur à ses talents (2).

Au cours de l’interminable discussion à laquelle donna lieu le premier budget législatif de la France, ce seigneur acheva d'établir les bases d’une juste comptabilité financière dans une démocratie. En se reportant aux discours qu’il tint au nom du comité des finances, on retrouve tous les desiderata des réformateursactuels ajournés grâce aux dissipations et aux gucrres de nos gouvernements. Les taxes de consommations à l’entrée des villes le choquent entre toutes. Il voudrait « que les objets de consommation du pauvre ne payassent presque rien ».

Heureux temps où la commission du budget disait par son organe aux représentants de laFrance : « Nous vous proposerons de supprimer les droits sur lesœuls, sur les fromages, sur les vins, sur les poissons, sur les charbons de terre ; vous pourrez même supprimer ceux sur les pores et les moutons et diminuer encore d’un tiers les droits sur les boissons qui déjà le sont

(1) Monileur du 17 septembre 1790. (2) Ibid., année 1790, pages 1202-1210-1283-1343. Année 1191; pages 313-661.