Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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des biens nationaux (biens du clergé et biens de couvents), qui en étaient le gage. Cette question le préoccupe ontre mesure. Il harcelle perpétuellement ses collègues(1), pour qu'ils la résolvent au mieux et au plus vite. Le rapport général sur cette aliénation, qu'il fit le 10 septembre 1790, est une page lumineuse (2). Ce qui frappe surtout, c’est que l’auteur y voit moins un motif d'équilibre budgétaire que l'avantage « d'appeler un grand nombre de citoyens à la propriété... par une telle subdivision des objets dans les ventes, que le pauvre même qui voudra acquérir une petite propriété pourra y parvenir (3) ». La confiance et surtout l’argent ne se commandent pas. Les acheteurs ne se montrèrent que fort peu et le papier d'État fut promptement avili!

Le 29 septembre 1791, la veille du jour où les États généraux se séparaient, la Rochefoucauld, dans un dernier rapport embrassant la situation financière de sa patrie, crut pouvoir dire: « En votant et répartissant aujourd'hui les contributions pour 1792, vous mettez vos successeurs dans le cas de se livrer avec sécurité aux nombreux travaux qu'ils auront à faire. » Il se trompait: il avait fait les finances de la France « démocratiques »,ce qui était beaucoup; il ne les avait pas faites équilibrées, ce qui eût été mieux.

Pendant que le duc de la Rochefoucauld était l'agent

(1) Moniteur, année 1790, pages 722-723-727-816-995. (2) Idem, pages 1053-1054. (3) Séance du 43 juin 1790.