Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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riches maisons religieuses faisaient à la porte de leur monastère, aumônes qui appelaient, qui multipliaient, qui créaient des pauvres et des fainéants, et dont cependant elles veulent montrer aujourd’hui l'abolition comme un des plus irrémédiables malheurs de la constitution nouvelle : vos lois ont, sous tous les rapports, encouragé le travail, provoqué l’industrie et appelé la richesse nationale (1). »

Ge n’est pas un petit honneur pour un seigneur français, pour un clérical par caste, d’avoir défendu ces assainissements sociaux ! En se dégageant des vieux préjugés, il a fait acte de courage, et montré une indépendance d’esprit qui commandent l'admiration!

Les principes posés, il fallait les appliquer; là commençait Ja difficulté.

Démolition avait fatalement précédé reconstruction; les anciens services hospitaliers étaient supprimés , les nouveaux n'étaient pas créés. — Ne trouvant plus pâture dans les campagnes, les fainéants affluaient vers les villes et y jetaient l’effroi. Le comité de mendicité organisa des ateliers de travail ; son excuse est qu'il ne pouvait agir autrement. Il sentait si bien le danger de cette mesure transitoire (2)

(1) Extrait du rapport sur les secours à répandre dans les départements, fait par M. de la Rochefoucauld-Liancourt à la séance du jeudi 46 décembre 1790, lu dans celle du 26 du même mois.

(2) L'Assemblée nationale affecta un crédit de quinze millions à louverture des ateliers nationaux, sur lesquels elle ordonna une distribution immédiate de 80.000 livres par département. Le reste servit à solder les ateliers de la ville de Paris,

où il y eut jusqu’à 20.000 ouvriers. (Voir la séance du jeudi 16 juin 1790.)