Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE VICOMTE DE NOAILLES 24

tales(1) », Noailles était resté pour lui faire un rempart de son corps ; mais Noailles était un libéral, et l'infortunée princesse ne le lui pardonnaïit pas.

Quand l’Assemblée nationale eut décidé de s’établir à Paris (2), Lally-Tollendal, Mounier et d’autres qui craignaient « la gueule du loup » déguerpirent (3); Noailles n’eut pas ces pusillanimités. La couardise de certains de ses collègues le révoltait.

Je demande, disait-il le 45 octobre, la liberté indéfinie des passeports, mais à la condition que huit jours après la première séance tenue à Paris on fasse un appel nominal et qu’on imprime la liste des absents pour l'envoyer dans les provinces.

Ce fut vers cette date que l’Assemblée nationale entreprit une des œuvres les plus graves qu’elle ait résolues, la transformation de la propriété ecclésiastique en propriété nationale. On demeure stupéfait du calme avec lequel cette réunion de légistes composée pour moitié de prêtres et de gentilshommes réalisa la proposition de Talleyrand. La noblesse parut indifférente au sacrifice. Pas un de ses chefs ne protesta. Seul, un sous-ordre, le vicomte de Mirabeau, celui qu’on ap-

(1) Moniteur universel du 12 au 13 octobre 1789, p. 298.

(2) La translation eut lieu le 19 octobre et les premières séances se tinrent au palais de l’archevèché, chez Ms de Juigné.

(3) On lit, au procès-verbal de Ja ‘séance du 12 octobre, des demandes de passeport libellées ainsi : « M. le duc de Villequier obtient un passeport pour cause de colique inflammatoire. M. le comte de Pardieu demande un congé pour organiser la milice nationale de Saint-Quentin. M. le marquis de Badens demande pour affaires majeures un congé d’un mois; etc.