Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE VICOMTE DE NOAILLES 25

pas de billets d'Etat au-dessous de 50 livres ; l'argent du prolétaire est drainé ; celui-ci, n’ayant que rarement des sommes de cette importance à payer, ne parvient pas à se libérer en assignats. L’argent monnayé est devenu d’une extrême rareté, il double de valeur. On se figure à quelle prompte détresse le système réduit l'ouvrier. Noailles prend sa cause en main, il demande la création immédiate d’assignats de 20, de 10 et de 5 livres, « pour suppléer, dit-il, au manque de numéraire dans la classe /a plus importante de la société, les ouvriers, les débitants de comestibles et les marchands en détail (1). » Jamais l’intervention du gentilhomme dans les débats publics ne fut si tenace que ce jourlà; il s'était proclamé l'ami du peuple, il tenait sa promesse.

Au printemps de 1790, des troubles ont eu lieu dans le district qu’il représente (2). Les paysans se sont révoltés contre l'exercice du droit de champart (3) par les anciens propriétaires de fiefs. Un huissier a été pendu, l’autre assommé. Les ministres avaient négligé de faire parvenir en temps opportun, dans la région, les décrets de l’Assemblée sur la matière. De quelle jolie façon Noaiïlles les malmène:

C’est à leur fâcheuse inerlie, c’est à leur coupable ambition, c’est à leur désir de rattraper le pouvoir que vous leur avez si sagement ôté qu’il faut attribuer ces désordres.

(1) Séance du 5 mai 1791.

(2) Le district de Nemours (Seine-et-Oise).

(3) Part sur les serbes de froment qui revenait aux seigneurs des anciens fiefs.